MADAME LEROY
C’est en septembre 1968 que vous débutez votre carrière d’enseignante au Lycée professionnel St-Joseph d’Etaples. Vous avez en charge des élèves qui ont souvent de grandes qualités manuelles, mais a priori ne sont pas attirés par l’abstraction des lettres. Et pourtant, vous saurez leur donner le goût de la langue française par un enseignement parfaitement adapté. Vous garderez un très bon souvenir de cette expérience auprès de ces jeunes gens. Votre fils Xavier est scolarisé bien sûr à l’école primaire d’Etaples, puis intègre la 6° au Collège Haffreingue-Chanlaire en qualité de pensionnaire. Malheureusement, les internes sont de moins en moins nombreux et le Collège décide de fermer l’internat. C’est alors que vous demandez votre mutation et intégrez Haffreingue-Chanlaire en septembre 1986. Ainsi, Xavier peut poursuivre sa scolarité en qualité de demi-pensionnaire. Vous enseignez bien sûr le français, mais aussi l’initiation au latin. Un premier inspecteur remarque en vous « une enseignante active, en prise directe sur votre public, le geste et le regard vifs. Vous vous attachez à entretenir une participation qui soit équilibrée et ne laissez à l’écart aucun élève dans la classe. Vous travaillez dans la patience et l’allégresse à l’éveil des esprits. » Vous assurez un temps complet et même quelques heures supplémentaires. Disponible, vous faites preuve de beaucoup de dévouement en assurant par exemple l’accueil des élèves dans les salles d’études, matin, midi et soir, des tâches certes contraignantes, mais ô combien indispensables pour le bon fonctionnement de l’établissement. En 1995, Mr Pilloy directeur-adjoint chargé des 6° et 5° fait valoir ses droits à la retraite. C’est tout naturellement que cette charge vous est confiée. Vous devinez que la tâche sera rude, mais vous êtes prête à relever le défi. Vous ne compterez jamais votre temps, ni votre énergie. Vous vous engagerez pleinement dans votre nouvelle fonction : un investissement permanent. Vous accueillez les petits sixièmes : il vous faut les rassurer en début d’année, tout expliquer… et tout expliquer encore ! Il faut gérer les absences d’élèves, mais aussi celles des professeurs et personnels d’éducation et organiser parfois dans l’instant leur remplacement éventuel. Vous êtes en permanence sur le terrain et réagissez très rapidement à tout imprévu. Il faut bien sûr rétablir un peu l’ordre ici ou là, quelques élèves récalcitrants à remettre sur le chemin. Votre sensibilité de mère, et depuis peu de mamie, vous rend plus attentive encore aux difficultés rencontrées par les jeunes au moment de l’adolescence. Combien de fois, n’avez-vous pas cessé immédiatement toute activité pour accueillir dans le couloir ou dans votre bureau un enfant en souffrance. Quelques minutes, mais parfois bien davantage pour écouter, comprendre et réconforter. Que de moments forts pour ces jeunes qui se cherchent, que de confidences et que de complicités ! C’est ainsi que vous avez pleinement rempli votre mission d’éducation. Je n’oublie pas bien sûr la concertation avec les parents, en groupe lors des réunions de comité d’A.P.E.L., mais aussi lors des réunions de parents sans oublier les entretiens individualisés ô combien nécessaires. Que de temps passé avec les parents au bénéfice des enfants ! Bref, une énergie sans limite, un sens de l’organisation hors pair ont fait de vous la clé de voûte chez les 6° et 5°. Vous poursuivez, bien sûr, votre carrière d’enseignante. Vous n’hésitez pas à suivre des stages de formation : connaissance des nouveaux programmes, de nouvelles méthodes pédagogiques, mais aussi un intérêt particulier dans l’accompagnement des adolescents et l’aide aux enfants dyslexiques. Vous serez pendant des années, professeur principal de la classe de 6F. Les illustrations placées bien en évidence sur les murs de votre salle 107 accompagnent votre cours. Le climat est alors favorable au travail studieux de vos élèves. Avec quelques collègues ici présents ce soir, vous avez accompagné chaque année des élèves de 5° en classe de neige à Sollières. C’était un moment fort de l’année, un contact tout autre avec les élèves ou plutôt avec les enfants… Sur place, une véritable vie de famille qui a laissé des souvenirs inoubliables chez les jeunes. Chrétienne, vous avez proposé naturellement à raison de 2 heures hebdomadaires, un éveil à la foi aux élèves qui vous étaient confiés. Pendant de nombreuses années, vous avez accompagné les 6° lors des retraites de profession de foi ; vous avez assisté à chacune des réunions de l’équipe d’animation pastorale ; vous avez participé activement à la préparation des célébrations de Noël et de la semaine pascale. Forte de vos convictions, vous avez ainsi témoigné votre foi dans ce lieu d'Eglise qu’est le Collège. L’année scolaire se termine. Ce n’est pas une année comme les autres, ni pour vous qui allez nous quitter, ni pour nous qui allons poursuivre notre mission. La présence de vos collègues et amis autour de vous ce soir montre bien la reconnaissance que toute l’Institution vous doit. Avec le Conseil d’administration et son Président Me Guéry, avec mes collègues directeurs, avec tous les professeurs et personnels, les Parents d’élèves, les jeunes, les anciens élèves, je vous adresse, chère Madame Leroy, un grand MERCI et vous souhaite une excellente retraite avec Jean, votre mari, avec Xavier et son épouse, et bien sûr vos deux petits-enfants. Mais sachez qu’Haffreingue-Chanlaire vous laisse sa porte grande ouverte. N’hésitez donc pas à revenir quand bon vous semblera ! Nous vous prions d’accepter ce cadeau, signe de notre reconnaissance et de notre amitié.
Depuis ma plus tendre enfance, les années s’égrenaient selon le rythme scolaire : rentrée des classes, vacances plus ou moins longues, un plus raccourcies ces derniers temps … Ce cycle sans cesse répété avait fini par me laisser croire qu’il ne finirait jamais… Or, je dois bien me rendre à l’évidence, cette fois, l’année scolaire va se terminer par de très, très longues vacances. Je n’arrive pas encore à me projeter dans ce nouvel avenir… Ce passage difficile dans cette salle, et votre présence affectueuse, vont cependant en être la charnière. Monsieur Lacheré vient de rappeler que j’ai beaucoup donné, mais j’ai aussi beaucoup reçu et les quelques mercis que je vais adresser, maladroitement, sont loin de représenter la richesse du vécu ensemble. En premier, c’est à vous monsieur Lacheré que je veux témoigner ma gratitude. Je vous remercie pour la confiance et le soutien que vous m’avez accordés, d’abord en tant que professeur, puis, après le départ de M.Pilloy, en tant qu’adjointe. Entre nous, nul besoin n’était de programmer des réunions de concertation. Les échanges étaient si nombreux et informels, au cours des repas, au détour des couloirs ou dans l’urgence d’un appel téléphonique ou d’un message Intranet, qu’ils permettaient un fonctionnement efficace au service de tous : élèves, professeurs, personnels d’éducation et parents. Je vous remercie encore d’avoir, par votre travail et votre ténacité, fait d’Haffreingue un collège fort, attaché, certes aux valeurs du passé, mais aussi résolument tourné vers l’avenir. Pour toutes ces années passées à vos côtés, je vous dis Merci. Ce soir, monsieur le président d’OGEC ,des membres du conseil d’administration me font l’honneur de leur présence. Les représentants des parents me font l’amitié d’être là ; j’ai souvent servi de trait d’union ; pour ces échanges fructueux, je leur dis Merci. Il me sera impossible d’évoquer individuellement tous ceux qui m’ont apporté le partage de leur expérience , néanmoins je voudrais citer la regrettée Mlle Calonne de qui je tiens peut-être , comme elle l’avait pour Xavier , d’avoir cette habitude d’appeler les 6°, mes petits 6° ; Mme Haak , à la rigueur exemplaire à qui j’ai également succédé ; Mlle Coquerelle , infirmière de fonction qui m’accueillit dans son infirmerie , plus d’une année durant, jambe allongée sur un tabouret, aux heures creuses de la journée ; René, René Pilloy qui me passa le flambeau et ses conseils ; M. l’abbé de Fromentel qui m’aida pour la catéchèse , à l’Annexe, , M. l’abbé Bodin à la culture et à l’humour légendaires et notre référence en théologie, M. l’abbé Duval dont la sagesse tempère les plus fougueux et les plus inquiets. C’est grâce à tous ces anciens que je découvris puis partageai l’Esprit Haffreingue et je leur dis Merci. Haffreingue, étant une ruche industrieuse, j’aurais encore beaucoup de mercis à adresser. Merci à tous celles et ceux, qui, par leur travail quotidien dans la gestion, la comptabilité, l’entretien, la préparation des repas permettent à chacune et à chacun d’entre nous de travailler et de se restaurer dans de bonnes conditions. Merci au personnel du secrétariat et de l’accueil avec qui j’échangeais le premier bonjour matinal. C’est à présent à vous que je m’adresse, mes chers collègues professeurs et personnels d’éducation d’hier et d’aujourd’hui. Vous savez combien douloureuse est cette page du vécu ensemble qu’il faut tourner. Ce soir, M. l’abbé Joly est absent pour les raisons que nous connaissons. Je lui souhaite une retraite sereine, au service de chacun. Le travail en commun crée des liens de plus en plus solides. Je vous remercie de votre aide , de votre collaboration ,de votre solidarité, de la multitude de services rendus ,au pied levé, de la bonne ambiance, du bonheur à vous retrouver, chaque jour. Permettez-moi de faire un clin d’œil particulier à mes collègues de français. Les progressions, fruits de recherches communes nous ont permis de regarder dans la même direction et nos affinités sont indéniables. A Toi, Geneviève qui as décidé de poser ton cartable, je te souhaite, comme l’écrivait un illustre philosophe , de « cultiver » ton « jardin » et de veiller au sens propre du terme sur ton rosier Pierre de Ronsard et nous pourrions aussi reprendre la belle phrase du renard au Petit Prince « tu es responsable de ta rose »… Bonne retraite, Geneviève. Autre merci de cœur, celui qui s’adresse à mes équipes des classes de neige , les semaines passées en Savoie sont inoubliables .Les anciens élèves peuvent en témoigner. Nous ramenions à chaque fois, comme le dit si bien Daudet , « avec un parfum d’Alpe sauvage , un peu de cet air vif des montagnes qui grise et qui fait danser ». Je n’oublie pas non plus les élèves. Cet après-midi, je les ai remerciés affectueusement. Si je suis devenue ce que je suis, c’est aussi grâce à eux. Ils m’ont aidée à arriver chaque jour en forme, ils sont si exigeants, mais porteurs de tant d’espoir, ils sont à l’heure de tous les possibles. Chaque cours est la meilleure thérapie qui puisse exister. Je les remercie pour tout ce qu’ils m’ont apporté. Mes remerciements ne seraient pas complets s’ils ne s’adressaient pas aussi à ma famille. Toi, Jean, tout au long de ma carrière professionnelle, tu as partagé et accepté les choix que j’avais faits même s’ils entraînaient beaucoup de contraintes et une présence plus restreinte à la maison. Toi Xavier, qui, passé à Haffreingue en connaissais l’esprit et les exigences tu me fus d’un sage conseil, lorsque hésitant à accepter le poste d’adjointe tu me fis la réflexion suivante « maman, si tu ne le fais pas, quelqu’un d’autre le fera » « Bien sûr, lui répondis-je ». Alors de reprendre : « Si quelqu’un d’autre peut le faire, toi aussi » Quelle belle preuve de confiance en sa mère ! Maintenant, je serai davantage disponible, si nécessaire auprès de Karine et Xavier , de Kylian et Yoann, mes 2 petits bouts , comme je les appelle, quant à toi , Jean, en te taquinant , tu sais que je me plais à dire « tes vacances sont finies… » Une nouvelle étape de vie commence. Encore merci à tous ceux qui par leur présence chaleureuse, leur participation à ces cadeaux, leur message écrit m’ont témoigné leur sympathie, leur amitié, à l’occasion de cet événement marquant. Bon vent pour le collège et bonne continuation.
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