Au revoir Valérie,

"avec tous nos voeux de réussite dans ton nouveau poste".

     Valérie Grincourt, professeur de Sciences Economiques et Sociales depuis une dizaine d’années à Nazareth, nous a quittés en juillet 2008 pour rejoindre son conjoint à Thônes en Haute Savoie

     Discours prononcé par Maxime Boutoille qui pratiquait pour la première fois cet exercice de style Maxime Boutoille était tout à la fois collègue, stagiaire et remplaçant de Valérie Grincourt en Sciences Economiques et Sociales en juin 2008 .

     L'heure est grave pour Nazareth. Le lycée perd l'un de ses meilleurs éléments. Je ne veux pas parler d'André... quelqu'un d'autre le fera beaucoup mieux que moi... Mais je veux parler d'un professeur de SES, un professeur de Sciences Economiques et Sociales, plus communément connu sous le vocable de "prof d'éco", Valérie.

     Rassurez-vous, je ne suis pas habile pour les discours. J'essaierai donc d'être plus bref, d'autant que la distance la plus courte entre deux points est la ligne droite. Peut-être que les mathématiciens et les physiciens ne seront pas d'accord, tout dépend du repère. Mais bon, les économistes ne sont pas des physiciens."Quoi que"... dans le monde des premiers, on prétend qu'un bon économiste se réincarne en physicien et un mauvais économiste se réincarne en sociologue... Je le dis d'autant plus facilement que j'ai une grande admiration pour le travail fourni par les époux Curie, euh je veux dire les époux Truffy, et surtout que j'ai une formation en sociologie. En tout cas, Valérie se réincarnera assurément en physicienne. Cela est d'autant plus dommageable pour le lycée. Chacun sait que le niveau de production, pour ce qui nous concerne le niveau des élèves et leur réussite au baccalauréat, est fonction du capital et du travail ( F(K,L) ). Au total, en termes vulgaires, ceci veut dire que le niveau de production dépend à la fois du nombre de professeurs, c'est-à-dire le travail, mais aussi de leur formation, ce que certains économistes appellent, poétiquement, du capital humain. Le lycée perd donc beaucoup de capital humain.

     Et là, il me faut plus que les mots des SES pour le décrire. Je ne vais pas continuer plus avant avec les blagues d'économistes, souvent mauvaises pour les non initiés... et ils sont nombreux... J'aimerais plus classiquement rendre hommage à ma maître de stage qui ne m'a jamais considéré comme stagiaire mais comme collègue. Cela était déjà vrai au début de l'année scolaire 2006-2007 lorsqu'elle m'a apporté son aide dans la préparation des cours, en particulier lors de mon inspection. Cela fut encore plus vrai cette année puisque Valérie a accepté d'être mon maître de stage, en dépit des nombreuses heures supplémentaires auxquelles elle devait consentir : un stagiaire ne peut pas assurer plus de huit heures de cours par semaine dans son établissement de base.

     Au-delà de l'aspect matériel, elle m'a surtout apporté, au cours de cette année, une oreille attentive, pour réfléchir ensemble à la manière d'aborder une notion. Ses conseils ont également été précieux dans la manière de gérer la classe, d'être attentif à chaque élève. Et à chaque fois que je prépare un document pour la classe, je me pose sa question : "si je me mets à la place de l'élève, qu'est-ce que je comprends ?" Avec Valérie, j'ai expérimenté tout ce que l'école, et surtout l'I U F M, ne peut pas apprendre. J'ai peut-être un peu gagné en capital humain.

     Et à bien y réfléchir, j'ai l'impression de m'inscrire, à Nazareth... Haffreingue, dans une grande lignée de profs de SES : Bernard et Valérie. La responsabilité me fait un peu peur, d'autant que, dans notre discipline, il semble y avoir ici un turn over important des enseignants.

     Mais enfin, nous savons que Valérie a de très bonnes raisons de partir. Je me permets de lui souhaiter beaucoup de réussite dans son poste à venir et tout ce qu'elle peut espérer de bon dans les projets qu'elle souhaite mener.

retour page précédente