Madame Marie France Leclercq  
est partie en retraite le 24.03.2006.

Ci-joint le mot qu'elle a dressé à tous le jour de son départ :

     Le rideau est tombé hier soir sur le 2e acte. J'entre maintenant dans le troisième. C'est un recommencement et je vais m'employer
à réussir cette étape avec des amis qui me sont chers. Enfin le temps pour lier les fils de ma vie. Je n'aime pas ce qui m'arrive aujourd'hui mais je suis sereine.

     Si je revisite le 2e acte, je découvre que j'ai appris beaucoup avec vous. Ceux qui m'ont aimé comme ceux qui m'ont détesté, une en particulier et à qui j'ai pardonné depuis longtemps. On ne peut s'apaiser sans le pardon et la vieillesse est merveilleuse car elle apporte la sagesse. On finit par se forger une carapace pour ne pas sentir les choses qui vous blessent, oui j'ai trouvé des avantages à avancer dans la vie, le temps qui passait m'a aidé à éliminer les détails qui m'encombraient, m'a aidé à ne plus me fâcher pour des problèmes qui ne le méritaient pas.

     J'ai toujours su que le plus important ça n'était pas d'être la meilleure mais de faire son mieux. La difficulté m'a toujours stimulé: plaisir et désir ont été mes seuls moteurs. Je n'ai jamais eu de certitudes, je préfère l'incertitude qui est un véritable stimulant. Apollinaire chantait déjà "incertitude ô délice"!

     Enseigner m'aidait à vivre, chassait mes angoisses, . Je me nourrissais d'enthousiasme. Toujours renouvelé, un projet terminé en appelait un autre. rigueur et honnêteté guidaient mes choix. J'étais rongé par l'envie de toujours faire mieux mais j'ai toujours eu peur de n'être pas à la hauteur. Ce qui explique sûrement cette réserve , cette pudeur qui vous ont souvent éloignés de moi, je refusais de m'imposer, j'ai souvent proposé, plus souvent encore je me suis effacée. Je souris rarement, je parle peu mais l'amitié ne se parle pas

     Dans une salle de classe, je me sentais à l'aise. ce métier je l'ai aimé avec passion. J'ai consacré ma vie à me mettre au service des enfants et "si c'était à refaire je referais le chemin". 

     Il me faut maintenant trouver une autre scène. J'ai attendu 40 ans pour recevoir des compliments, ça vous enseigne l'humilité et la capacité à ne pas désespérer. J'ai rencontré des gens merveilleux. Mère Leverbe que je n'espérais pas voir aujourd'hui, quel beau cadeau. Je sais le devoir à Anne-Marie, qui seule connaissait ce désir secret, je la remercie pour cette joie! Vous avez Ma Mère porté des valeurs que je me suis efforcée de transmettre, votre grandeur simple s'est imposée bien souvent tout au long de ce parcours, m'efforçant à votre exemple à transformer les difficultés en chemin. Je veux aussi rendre hommage à Soeur Bezault et à Soeur Richard. Enfin je remercie Régis qui a toujours respecté mes avis, qui a désacralisé la fonction qu'il occupe pour la rendre plus humaine et qui a accompagné mes projets avec enthousiasme, n'hésitant pas à y prendre plaisir et à s'investir dans les mises en scènes les plus fantaisistes, mises en scène dont je remercie Michèle qui m'a ouvert les portes de son univers artistique.

     J'aurais encore tant de choses à vous dire, tant de gens à remercier mais j'emprunte à Jean d'Ormesson ma conclusion:

" La fin est à mes trousses, elle me titre par la manche, il faut l'aimer elle aussi. Tout est bien " 

Au revoir 

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